LIVRES - Connaître le Maroc à travers ses écrits

Publié le par moamao

Le Maroc se lit et se découvre dans de nombreux écrits, en dehors des guides touristiques aseptisés qui ne méritent pas toujours le détour




Les hommes et les femmes qui viennent de s’installer au Maroc, ou qui projettent de le faire, ont nécessairement envie de découvrir le pays à travers des écrits pour tenter de le connaître. Plutôt que de succomber à la lecture souvent navrante et aseptisée des nombreux guides qui existent sur le marché, il existe une autre approche, plus subtile, qui consiste à lire ce qui a pu être écrit dans un passé plus ou moins proche.
De juin 1883 à mai 1884, Charles de Foucauld, avant qu’il ne devienne le Père de Foucauld, a effectué un long voyage au Maroc. De cette aventure, il a tiré un ouvrage, Reconnaissance au Maroc, dans lequel il décrit magnifiquement le pays. Il y a eu la révélation de la foi : "L’Islam a produit en moi un profond bouleversement". Ce qui l'a conduit à son ordination puis à la béatification.
Peu de temps après, en 1890, Pierre Loti a accompli un périple avec une ambassade française de Tanger à Fès. A la suite de ce voyage, il a publié le fameux "Au Maroc", au sujet duquel Montherlant a écrit : "C’est le meilleur livre que j’ai lu sur le Maroc". Les descriptions de Fès sont remarquables et elles semblent avoir été écrites hier. La préface donne le ton : "Moi qui me suis toujours senti l’âme à moitié arabe".
Les frères Tharaud nous ont laissé le pittoresque personnage de Berghout dans Marrakech ou les seigneurs de l’Atlas, où ils décrivent si bien la place Jemaâ el Fna du temps où l’on venait de loin pour écouter les conteurs. Mais aussi Fès ou les bourgeois de l’Islam, et Rabat ou les heures marocaines entre 1918 et 1930. A découvrir.

Bowles, Bertolucci, Police...

Paul Bowles s’est installé à Tanger en 1947, d’où il a publié son premier roman autobiographique, Un thé au Sahara, qui a été porté à l’écran par Bernardo Bertolucci avec l’excellentissime John Malkowich (notre photo). Le roman a également inspiré l’album culte du groupe rock Police, Synchronicity. Mais aussi Réveillon à Tanger, Journal tangérois et Leurs mains sont bleues.
On peut citer l’œuvre d’Arsène Roux qui a été fondateur et directeur du fameux collège berbère d’Azrou. Celle de Jean Genet qui, même s’il n’a pas écrit directement sur le Maroc, y a puisé beaucoup de son inspiration avant de reposer au petit cimetière européen de Larache.
Dans un tout autre registre, il importe de citer toute l’œuvre de l’écrivain marocain de langue française, Tahar Ben Jelloun, en particulier L’enfant de sable, superbe, Jour de silence à Tanger, Partir et naturellement le roman pour lequel il a reçu le prix Goncourt en 1987 : La nuit sacrée, incontournable et traduit dans le monde entier.
Le roman douloureux et longtemps censuré de l’écrivain berbère Mohamed Choukri, Le pain nu, qui a été traduit en anglais par Paul Bowles et en français par Tahar Ben Jelloun, n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais décrit de façon crue et explicite une des couches sociales les plus pauvres du Maroc.
Ceux qui s’intéressent au soufisme peuvent lire les écrits aussi passionnants que complexes de Louis Massignon qui a donné son nom au groupe scolaire OSUI de Casablanca. Les passionnés d’histoire pourront se lancer dans la lecture du livre de Daniel Rivet, Le Maroc de Lyautey à Mohammed V - Le double visage du Protectorat, édifiant et remarquable.
Enfin, tout récemment, j’ai beaucoup aimé le Maroc 1900-1960 - Un certain regard, co-écrit par Frédéric Mitterrand et Abdellah Taïa, dont le double regard sur de vieilles photos inédites sonne juste, tour à tour instructif et émouvant. Lire notre article en cliquant ICI
Naturellement, vous opposerez qu’il existe beaucoup d’autres livres sur le Maroc, mais ceux-là méritent le temps que vous y consacrerez.
Isabelle GIRAUDET.

Publié dans A lire...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article